Le patrimoine est notre bien commun, dans l’espace et/ou le temps. La notion de patrimoine s’est progressivement élargie, partant des monuments historiques et allant aujourd’hui jusqu’au paysage, en passant par les bâtiments industriels, les chemins de Saint-Jacques, etc.
Dans notre canton, nous pensons bien sûr aux fleurons que sont l’abbatiale de la Trinité, le château de Vendôme, les églises d’Areines et de Meslay et leurs peintures murales. Mais nous n’oublions pas non plus la Fontaine de Villiersfaux ni celle de La Chape, les lavoirs de Saint-Ouen, la stèle à la mémoire du Couple Chaufournais à Villerable, l’église de Sainte-Anne, les mégalithes de Marcilly ou les vestiges de l’église Saint-Bienheuré à Vendôme. La nature aussi est notre bien commun : bois, haies, massifs de fleurs, vallée du Loir, coteaux… La liste est volontairement inachevée ; chacun ajoutera tel ou tel élément structurant pour son histoire personnelle, son quartier, sa commune...
Et si ce patrimoine était occasion rêvée de cohésion sociale…
Conserver ce patrimoine, évidence, mais pourquoi ?
La nécessité de conserver le patrimoine est une évidence, mais elle appelle plusieurs questions : comment conserver ? par qui ? pour qui ? pour quoi ?
A minima, il convient de conserver dans un état décent permettant sa présentation au public. Mais cela ne suffit pas. Il faut le conserver vivant ! Certains bâtiments historiques ont conservé leur affectation initiale. Nous pensons en particulier aux principales églises et à l’hôpital. Cette affectation, qui est première et qui en donne le sens, est essentielle.
D’autres bâtiments ont changé d’affectation, mais sont toujours « habités ». Nous pensons à l’actuel Hôtel de Ville de Vendôme, installé dans l’ancien collège des Oratoriens devenu ensuite Lycée Ronsard. Ailleurs, des gares, des presbytères, des écoles sont devenus logements sociaux. Que deviendra le Quartier Rochambeau ?...
Comment conserver ? en donnant vie ! en maintenant la vie ! en donnant une nouvelle vie ! en cohérence avec les besoins, exprimés ou non, de nos contemporains. Ainsi le patrimoine est reçu et transmis.
Conserver pour conserver n’a pas d’intérêt. Conserver pour animer, animer pour transmettre, transmettre en animant, transmettre en conservant, voici un voie pour faire du patrimoine un vecteur de cohésion sociale.
Le patrimoine, lieux d’insertion
La cohésion sociale s’opère déjà par les lieux « habités ». Les églises de nos communes rassemblent le dimanche, pour un mariage ou une sépulture, des femmes et des hommes de tout âge, de toute condition sociale, de tout lieu.
Les mairies sont aussi lieu de cohésion sociale, accueillant toute personne pour les actes d’état civil, et pour d’autres actes de la vie civile. Les travaux faits pour les rendre accessibles aux personnes handicapées contribuent à la lutte contre des discriminations dans l’accès aux services publiques. A Vendôme, rendre accessible la Porte saint Georges, et en particulier la Salle des mariages, à tous serait une avancée de la conservation du patrimoine au service de la cohésion sociale. Le Conseil Général, compétent en matière d’action sociale, doit soutenir équitablement les investissements de toutes les communes pour mettre fin à ces discriminations.
La restauration du patrimoine, occasion de cohésion sociale
Les travaux de conservation du patrimoine et sa transmission peuvent aussi être une action de cohésion sociale. Nous avons déjà évoqué les chantiers d’insertion. Nous vous invitons à lire le témoignage de Tim Guénard (Plus fort que la haine, Presses de la renaissance). Cet homme cassé, démoli et perdu a retrouvé le chemin de la vie grâce à une assistante sociale qui l’a orienté vers un chantier de restauration d’une cathédrale, comme apprenti tailleur de pierre. Pourquoi les restaurations de la Trinité, du château, de l’église de Marcilly, etc. ne seraient-elles pas des occasions de lancer de vastes chantiers d’insertion sociale ? Nous demanderons à ce que le Conseil Général bonifie ses aides financières si l’investissement donne lieu à une telle opération. Comment mieux s’approprier son patrimoine qu’en y travaillant ?...
Le patrimoine, lieux de cohésion intergénérationnelle
Peut-être pourrions-nous également imaginer, si les lourdeurs administratives s’amenuisent, des chantiers scolaires de restauration du patrimoine bâti ou naturel. Nous rêvons peut-être… Pourquoi ne pas confier chaque année un (ou plusieurs) élément de petit patrimoine à un collège, avec le concours d’associations locales comme Résurgence, Perche Nature, etc. Ce seraient un bon moyen de s'approprier son patrimoine, le respecter, l'habiter. Ce serait aussi de remarquables occasion de pédagogie : éclairage local pour les cours d'histoire, iniitétion aux bonnes pratiques environnementales (sans oublier d'inviter les parents, les voisins, etc. à participer aussi)
Voici là de bons exemples de cohésion sociale au service du patrimoine commun et de sa transmission.
L’animation des lieux peut aussi être occasion de cohésion sociale. Le parc Ronsard est animé de manière ludique l’été. Et l’échange intergénérationnel qui en découle n’est pas vain. Mais nous pouvons aller plus loin.
Citons l’exemple des communautés CASA. Ce sont des petits groupes d’étudiants formant une communauté durant les vacances d’été et qui accueillent les visiteurs dans les églises. Citons l’église romane d’Orcival en Auvergne, la basilique de Vézelay (Yonne), la cathédrale Notre Dame de Paris, celle du Puy, celle de Bourges, etc. Ces communautés sont chargées de la visite des lieux et de leur animation à destination des touristes dans le respect de leur affectation. Cela pourrait être facilement envisagé à la Trinité et impliquer des jeunes du Vendômois qui ainsi s’approprieraient davantage leur abbatiale.
Synthèse
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Conserver le patrimoine pour l’animer en l’habitant, en s’appuyant sur celui qui est déjà affecté
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Développer les chantiers d’insertion dans la restauration du patrimoine bâti
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Développer les chantiers scolaires dans la restauration et l’entretien du petit patrimoine et du patrimoine naturel public
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Envisager la mise en place de communautés CASA pour l’animation estivale de la Trinité
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Poursuivre cette réflexion avec les associations concernées (Résurgence, Société Archéologique, Perche Nature, etc.), les pouvoirs publics (Communautés de communes, Office du tourisme, etc.), les affectataires et propriétaires