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6 octobre 2011 4 06 /10 /octobre /2011 09:33

S Goulard 01Le Quotidien La Croix a publié, mardi 4 octobre 2011, une tribune de Sylvie GOULARD, Députée Européenne du Mouvement Démocrate, au nom de l'intergroupe (groupe de parlementaires européens de toute sensibilité) 'Extrème pauvreté et Droits de l'homme - Quart monde'. Sylvie revient sur la baisse des fonds européens affectés à la lutte contre la misère, du moins, dans leur fonctionnement actuel.

 

 

 

La baisse des fonds européens destinés aux plus démunis doit-elle être imputée à l’Europe tout entière ou à certains États membres ?

Au-delà de cette question, est-il acceptable en 2011 que tant d’Européens en soient réduits à recourir à l’assistance pour se nourrir et nourrir leurs enfants ?

Une fois encore, "l’Europe" est accusée de n’avoir pas de cœur. La voilà qui veut réduire l’aide alimentaire aux plus démunis ! La voilà qui enlève le pain de la bouche des pauvres ! Mais est-ce bien la faute à "l’Europe" ? Ou à une dérive orchestrée par certains États membres qui refusent désormais la solidarité et oublient que, depuis le traité de Rome, l’un des objectifs de la Communauté européenne est le "bien-être" des populations ?

Un petit retour en arrière permet de mieux comprendre la situation : le programme européen d’aide aux plus démunis a été créé en 1987, dans le cadre de la politique agricole commune (PAC), afin d’utiliser les surplus du marché au profit des associations qui aident les plus démunis. Plusieurs réformes de la PAC plus tard, il y a beaucoup moins de surplus et le complément nécessaire pour maintenir l’aide est acheté sur le marché. Ce programme a été contesté devant la Cour de justice par un certain nombre d’États. Les fonds qui lui sont consacrés n’auraient pas dû, selon eux, être imputés au budget de la PAC et il ne devrait pas être permis d’acheter des compléments sur le marché. La Cour leur a donné raison.

Obligée de tenir compte de cette décision juridictionnelle, la Commission a d’abord envisagé, dans le budget 2012, de réduire ces montants de 500 millions à 113 millions d’euros (le montant de stocks d’intervention disponible pour 2012). Le Parlement européen s’est alors ému et a voté, le 7 juillet dernier, à une immense majorité (548 pour, 52 contre, 26 abstentions), une résolution qui demandait fermement de maintenir ces financements, quitte à les rattacher aux politiques sociales, et de réfléchir à une nouvelle base juridique.

L’intergroupe Extrême pauvreté et droits de l’homme – Comité Quart Monde, qui, au sein du Parlement, rassemble des députés de toutes tendances attachés à combattre la pauvreté et l’exclusion, a contribué à ce que la majorité en faveur de cette résolution soit solide et pluraliste. Nous continuerons, dans la discussion budgétaire, à réclamer le maintien de ces fonds, essentiels pour les plus vulnérables. Le 17 octobre prochain se tiendra un sommet européen et le programme d’aide aux plus démunis sera probablement à l’ordre du jour. Ce serait un geste concret, si, ce jour-là, date de la Journée mondiale du refus de la misère, une solution pouvait être trouvée.

La première leçon de cette triste affaire est que, bien souvent, des décisions de quelques États bloquent la machine communautaire et que "l’Europe" se retrouve indistinctement mise en cause alors même que d’autres gouvernements, la majorité des députés ou la Commission déploient une énergie considérable en sens contraire. Il serait bon de faire la différence.

Mais cette affaire pose surtout une question bien plus fondamentale : est-il acceptable, en 2011, que tant d’Européens en soient réduits, pour se nourrir et nourrir leurs enfants, à recourir à l’assistance ? Le travail formidable de la Banque alimentaire, des Restaurants du cœur ou des ONG de lutte contre la pauvreté mérite d’être salué. Mais la montée récente et rapide des demandes de secours doit nous alerter. Toutes les organisations de terrain, laïques ou confessionnelles, anciennes ou plus récentes, tirent la sonnette d’alarme ! Le bénévolat, l’entraide, la charité ne suffiront bientôt plus à endiguer les conséquences d’une politique erronée. Près de nous, des millions d’Européens sont privés de leurs droits les plus élémentaires. La Charte des droits fondamentaux reconnaît aux Européens le droit à la dignité ; elle énumère aussi des droits sociaux que la crise, et le retour des égoïsmes, sont en train de réduire à néant.

Avec l’adoption de la "stratégie 2020" l’an passé, l’UE avait fait de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion l’une de ses cinq priorités. Pour l’intergroupe, le texte n’allait pas assez loin, car il proposait de réduire le nombre de pauvres de seulement 25 pour cent, s’accommodant de la détresse des 75 pour cent restants. Mais, au moins, la question des inégalités était enfin prise en considération. Depuis l’adoption de cette stratégie, la crise des dettes souveraines a frappé plus fort. La croissance ralentit. Les derniers documents et décisions adoptés par le Conseil de la zone euro au printemps et à l’été dernier sont muets sur les exclus. C’est une régression.

Les membres de l’intergroupe se battront pour maintenir le pro- gramme européen d’aide aux plus démunis, mais nous tenons à réaffirmer qu’à nos yeux ces dispositifs de secours sont des pis-aller. Ils ne sauraient remplacer des politiques qui remettent la dignité humaine et les droits des citoyens au cœur de l’action européenne et nationale. Ils ne sauraient se substituer à une croissance durable, créatrice d’emplois. La montée des inégalités menace la construction européenne. Elle menace nos démocraties. Elle menace notre compétitivité en laissant trop de personnes sur le bord du chemin. Nous devons gérer les finances publiques avec rigueur, mais non à courte vue.

 

Sylvie GOULARD, Députée Européenne ADLE

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